Tous les consultants vous le diront : sur Internet, la « killer application », c’est le portail. Un « business plan » en or, coco. Pas de journalistes, rien que de l’info industrielle, des milliers d’articles livrés en vrac, des robots qui remettent en forme des kilomètres de dépêches et qui ajoutent des bandeaux.
Qu’est-ce qu’un portail ? Un « agrégateur de contenus », un point d’entrée incontournâââble de la Toile. Un site regroupant à lui seul tout un ensemble de « services », d’informations boursières et météorologiques, de liens vers de gentils partenaires, le tout agrémenté de bandeaux imbéciles tentant de faire de vous un investisseur malin, un téléchargeur de pizzas, un consommateur d’inutile.
Pourtant, au départ, l’idée même du portail avait de quoi séduire : regrouper en une page toutes les informations susceptibles d’intéresser l’internaute, ça n’était pas forcément le concept le plus stupide. Seulement allez savoir pourquoi, les créateurs de portail persistent à prendre l’internaute pour un riche imbécile n’utilisant sa machine que pour surveiller le Dow Jones, errer sur les sites d’enchères en ligne ou pérorer en IRC.
Les nouveaux internautes, hélas, ignorent souvent que l’Internet, ça peut être autre chose. Que les contenus francophones dignes d’intérêt peuvent être autre chose que les contenus industriels de Grolier Interactive ou de France Telecom Interactive. (Notez, au passage, que ces deux entreprises françaises ont bien pris la peine d’angliciser leurs noms. Sans doute parce qu’un « co-branding Grolier Interactive - EatOnLine » fait drôlement plus moderne qu’un « partenariat Grolier Interactif - BouffeCommeUnConDevantTonClavier »). Les nouveaux internautes, disais-je, ignorent trop souvent l’existence des webzines indépendants. Et l’on se garde bien de leur apprendre comment remplacer la page de démarrage standard (celle de leur fournisseur d’accès, farcie de publicités) par quelque chose de plus riche en idées.
Et il ne faudrait pas trop compter sur la presse pour le leur expliquer. Les grands groupes de presse ont tous leur stratégie Internet, leur « business model » axé sur le commerce électronique ; leurs colonnes ne sont plus qu’éloge de la « nouvelle économie ». La preuve en est que les journaux qui, jusqu’en 1998, publiaient de pleines pages sur la galaxie des webzines s’extasient aujourd’hui sur les sommes colossales de capital-risque levées par une poignée d’arrivistes. « Parce que communauté commence comme commerce », comme l’écrivait finement Le Monde Interactif à propos de Multimania.
On aurait pu baisser les bras. Ricaner du concept de portail et continuer séparément nos p’tits webzines dans notre coin, référencés nulle part, lus par quelques centaines d’allumés arrivés là par hasard. Et puis on en a fait un, de portail. Mais pas un portail en métal ouvrant sur les tours de La Défense, sur de gigantesques publicités, sur un immense supermarché. Non, un petit portail en bois, modeste et génial, ouvrant sur un espace non commercial.
L’essentiel de ce portail est, comme il se doit, consacré aux webzines : on y trouve déjà L’Ornitho, Périphéries, Le Magazine de l’Homme Moderne, Le Scarabée, Hors les Murs, Le Soleil se lève à l’Est, Les Chroniques de Cybérie, Dixit Laurent Laplante et Les Chroniques du Menteur. Vous y trouverez aussi les citations choisies d’Au fil de mes lectures, les textes d’Interrogation critique et ludique ou d’Armer l’esprit pour désarmer la main, ou encore des portraits d’écrivains.
Vous trouverez également sur le portail une sélection Dans la presse, avec notamment les dossiers d’actualité du Monde Diplo, les derniers articles de Politis, et les chroniques de Pierre Marcelle, Alain Rémond, Alain Rollat et Pierre Georges.
Le portail est réactualisé toutes les heures.
Son adresse : http://rezo.net.
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