Bill Clinton chante Brassens
Une chanson inédite,
Je vivais en plein coeur de la place publique, Vénal, ambitieux, puissant mais sympathique, Accordant mes faveurs à l'abri des regards, J'étais un homme heureux, et j'écrivais l'histoire La justice à scandale a su me faire comprendre Qu'aux ligues de vertu j'avais des comptes à rendre Et que sous peine de choir, victime d'un décret, J'devais éloigner Starr de mes petits secrets. REFRAIN Trompettes de la renommée, Vous êtes bien mal embouchées Manquant à la pudeur la plus élémentaire Dois-je pour les besoins d'la cause judiciaire Divulguer avec qui et dans quelle position Je plonge dans le stupre et la fornication ? Si je publie les noms combien donc de mormonnes Me prendront illico pour le diable en personne ? Combien de puritains me regarderont de travers, Combien de procureurs voudront me mettre à terre ? « A chaque exhibition ta carrière s'enlise » C'est c'qu'avait dit Paula après l'effet d'surprise Pour ménager un peu les dévots et les soeurs Je cach' depuis mes organes procréateurs Dois-je pour éviter le bruit et le scandale Ne jamais les sortir hors d'une union légale ? Dois-je les dissimuler, en tout lieu, en tout temps Comme un coureur cycliste cache ses produits dopants ? Une jeune stagiaire qui à l'heure de la messe Préférait s'agenouiller pour me tâter les fesses M'a sournoisement laissé, un beau jour, sur les bras, Une affaire des plus embêtantes qui soient. Sous prétexte de secret, de vertu d'pacotille Ai-je le droit de ternir l'honneur de cette fille En déclarant à Starr, et dans tous les journaux Qu'elle n'est pas plus bandante qu'un sourire de crapaud ? Le seul qui m'comprenait, qu'était d'la même engeance, C'était le père François, le monarqu' de la France, Là-bas on peut tout dire, sans crainte de procès, Il faut plus qu'une liaison pour choquer les Français. C'est le pays rêvé pour avoir des maîtresses, Personne ne se soucie de vos histoires de fesses Votr' enfant naturel aura droit cependant Aux honneurs de la presse s'il commet un roman. Quelle sera la nation qui r'cevra des cartouches Pour éloigner un peu la déesse aux cent bouches Faudra-t-il que j'envoie mes soldats, mes avions Demander à Saddam d'attirer l'attention ? Pour taire les rumeurs et rapp'ler mon pouvoir Qui est-ce qui veut me prêter un bout de territoire ? Qui est-ce qui veut me laisser, en héros planétaire Aller faire la guerre au chaud dans son désert ? Sonneraient-elles moins fort ces satanées trompettes, Si comme tout un chacun j'étais un peu tapette Si j'avais remplacé Monica par Tommy Qu'au lieu de fellation on parle de sodomie ? Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles De jouer le jeu de l'amour en inversant les rôles Qu'on accorde à ceux-là facilement le pardon Pour l'opinion publique ce n'est pas la question. Après c'tour d'horizon des mille et une recettes Pour tenter d'échapper aux honneurs des gazettes J'aime mieux m'en tenir à ma première facon Et lancer des missiles pour faire diversion Si les médias jouent l'jeu, je les sors dare-dare, Si l'opinion s'émeut, je les range au placard Entre le déshonneur et les compromissions, Je quitterai l'Histoire pour une fellation. |
© Les Chroniques du Menteur, 1999
E-mail : Pierre Lazuly
http://menteur.com