Je ne voudrais pas vexer Mr William Gates, mais ces chroniques seront désormais réalisées sans le moindre recours à Windows. Vous avez sans doute déjà remarqué comme il était désagréable de se retrouver face à un écran bleu vous accusant des plus grandes ignominies, alors que vous tentiez simplement de télécharger une photographie de l’appareil pulmonaire de Mlle Pamela Lee Anderson (dans les publicités Wanadoo, on appelle cela "visiter le Louvre").
Et s’il est certes embêtant de voir un corps dénudé laisser sa place à des insultes exprimées en hexadécimal, il est encore plus gênant de se voir notifier une "erreur fatale" au beau milieu de la rédaction d’une chronique prometteuse. D’autant que ce système, non content de se planter, vous accuse en prime d’avoir "effectué une opération non conforme". Ca doit être mon côté archaïque, mais j’ai du mal à voir en quoi le fait de taper un texte sur un clavier puisse être une "opération non conforme". C’est la seule chose que je lui demande, à cette satanée bécane.
Je déjeunais l’autre jour au resto d’entreprise. J’avais à mes côtés trois délicieux jeunes crétins, du genre ingénieur acnéen. De ceux qui considèrent que Bill Gates est un génie, et dont chacune des phrases contient le mot Windows. Je me souviens fort bien de mon voisin de droite, lequel racontait à ses compagnons blafards ses mésaventures et divers plantages de la veille au soir. Les deux autres ricanaient. Et lorsqu’un de leurs de leurs amis vint à passer, ils lui demandèrent s’il avait reçu le MPEG où Bill se faisait entarter. Ca les faisait beaucoup rigoler.
Tels sont les moeurs des utilisateurs de Windows. Ils savent, mieux que quiconque, que Windows est un système objectivement merdique. Ils savent, mieux que quiconque, décliner les numéros d’erreurs fatales comme nous autres déclinions le latin. Et tous de fréquenter ces groupes de discussion, ces sites anti-Bill qui sont légion. Et de forwarder à leurs amis les meilleures blagues sur Bill Gates. Bill lui s’en fout, tant qu’ils les lisent sous Windows.
Ainsi vivent les utilisateurs de Windows, monuments d’incohérence. On imagine assez mal un type braillant à longueur d’année dans sa Clio que Renault est le plus mauvais des constructeurs, avant de se précipiter chez son concessionnaire pour ajouter quelques options ou essayer les nouveaux modèles. Tel est pourtant le quotidien de l’utilisateur Windows. A force de cotoyer l’irrationnel, l’incongru et l’inexplicable, il a perdu sa croyance en un monde cartésien. Il attend vaguement la prochaine version de Windows, sans trop y croire. Il va l’acheter, pour voir. C’est là son seul espoir.
Quant à moi, j’ai tout effacé. Hier soir. Sans autre forme de procès. Mon PC tourne désormais sous Linux. Un truc de passionnés, dit-on. C’est vrai que ça ne s’installe pas tout seul, d’un seul clic, mais ça ne se plante pas non plus tout seul, d’un seul clic.
Je n’attends rien de l’actuel procès contre Microsoft. J’attends juste le suivant : le procès pour incompétence.