Les Chroniques du Menteur
Accueil du site > Internet > Un imbécile peut en cacher un autre

Un imbécile peut en cacher un autre

mercredi 26 août 1998, par Pierre Lazuly

Après Claude Allègre, c’était au tour de Christian Pierret, le secrétaire d’Etat à l’Industrie, de s’exprimer à Hourtin. Celui-ci en a profité pour annoncer le lancement d’un programme « Société de l’information » doté de 300 millions de francs, programme portant essentiellement sur les paiements sécurisés et la télévision numérique.

« C’est une réorientation majeure des crédits de mon ministère », a-t-il dit. Utiliser les fonds publics pour financer des recherches dont les principaux bénéficiaires seront les grands groupes privés : voilà une « réorientation majeure » qui ne nous étonnera pas de la part d’un socialiste qui administrait jusqu’à peu l’institut libéral Aspen-France.

M. Pierret a également annoncé la prochaine mise en place, avec le ministère de la Culture, d’un « programme spécifique de financement » pour les industries de contenu. « Il faut développer une approche industrielle de la création de contenus », a-t-il précisé, « ce qui permettra d’éviter que des imbéciles comme Pierre Lazuly ne publient sur le Web des vérités gênantes ».

Seule contre tous, Dominique Voynet s’était prononcée mardi pour « un engagement sans faille des pouvoirs publics » pour que la société de l’information ne soit pas « seulement ce que les forces du marché en feront ». Je te souhaite bien du courage, Dominique : face à la dream team Allègre-Pierret-DSK, il t’en faudra.

A quoi rime, après tout, ce « village global », puisqu’on se soucie pas plus des autres quartiers du village que de nos propres banlieues, puisque partout l’information n’est plus que « fait divers qui fait diversion » et journalisme de racolage ?

L’« approche industrielle du contenu » vantée par l’imbécile pré-cité ne peut qu’aboutir à une information purement spectaculaire : les « plug-ins » retraçant le trajet du sperme de Clinton sur une robe bleue ont évidemment plus d’avenir qu’un texte sur la situation catastrophique de l’Asie. Nonobstant, je vous proposerai le second, sans même être en mesure de vous afficher une « applet » de « Real Time Video » montrant une petite fille s’enfonçant dans la boue. Les industriels feront ça mieux que moi.


APRÈS LE DÉLUGE... (avec AFP)

Déjà ébranlée par la crise financière, l’Asie doit aujourd’hui faire face aux conséquences des dernières inondations. Si l’attention internationale s’est essentiellement focalisée sur la situation en Chine, l’Inde, le Bangladesh, les deux Corées et l’Australie ont également eu à combattre des rivières en crue et des pluies record, attribuées aux phénomènes climatiques El Nino et La Nina, mais aussi à la déforestation, au réchauffement global de la planète et aux projets de « mise en valeur » des bassins fluviaux.

« Le bassin du Yangtse a ainsi perdu 85% de ses forêts d’origine. Des forêts qui absorbaient et retenaient la majorité des précipitations dues à la mousson, ont pour une grande part disparu », déclarait récemment le président de l’organisation pour la défense de l’environnement World Watch Institute.

Après le déluge, un autre problème a fait son apparition, celui des épidémies qui fait peser une double menace, celle de la pertes en vies humaines et du coût médical pour les combattre. Le ministre chinois de la Santé a déjà évoqué cette menace qui pourrait affecter un cinquième de la population du pays.

Le Bangladesh, où la pauvreté et les fortes températures favorisent les épidémies, doit faire face à l’une des pires inondations depuis 1988. On y compte plus de 30 millions de sans-abri. Dans le nord de l’Inde, des rivières déchaînées par les pluies de la mousson ont fait plus de 900 morts et des millions de déplacés. En Corée du Nord, où trois années de famine ont déjà causé près de 2,4 millions de morts, la récolte de riz, dont la baisse sensible ces dernières années était à l’origine de la famine, devrait « encore chuter de plus de 60% ».

PIERRE LAZULY
Accueil | SPIP | Quitter