Les Chroniques du Menteur
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La nourriture Frankenstein

mardi 16 février 1999, par Pierre Lazuly

« Le gouvernement britannique continue de s’opposer à tout moratoire sur la « nourriture Frankenstein », les aliments génétiquement modifiés, en dépit de nouvelles mises en garde de la communauté scientifique. Le ministère de l’Agriculture a rappelé vendredi qu’il ne jugeait « pas nécessaire » d’imposer un moratoire et qu’il estimait « les garde-fous en place suffisants pour garantir l’absence de dommages à la santé et à l’environnement ».

Tel n’est pas l’avis de vingt scientifiques internationaux qui ont publié vendredi un appel demandant la réhabilitation d’un confrère britannique poussé à la retraite après avoir révélé les résultats effrayants de tests menés sur des rats. Nourris à la pomme de terre génétiquement manipulée, les animaux ont développé des modifications des organes, y compris du cerveau, tandis que s’affaiblissait leur système immunitaire.

Les travaux du professeur Arpad Pusztai, de l’institut Rowett à Aberdeen, ont été réexaminés et validés par ses vingt confrères, dont certains appellent désormais à un moratoire sur l’utilisation de produits génétiquement modifiés. Ces produits sont notamment employés pour nourrir les animaux [notez le notamment !] et les scientifiques ont de longue date mis en garde contre le possible développement de bactéries résistantes aux antibiotiques qui pourraient être transmises aux humains.

Un député travailliste, Alan Simpson, a mis en garde vendredi contre une « maladie de la vache folle bis » et estimé qu’il fallait « tout arrêter et mettre en place de nouveaux paramètres ». C’est également l’avis de l’un des organismes gouvernementaux sur l’environnement, English Nature, qui a demandé à Tony Blair trois ans de moratoire sur certaines cultures génétiquement modifiées, notamment celles résistantes aux herbicides. L’organisation écologique Friends of the Earth, tout comme les associations de consommateurs, demandent de leur côté un gel de toute nouvelle licence ou mise en culture de ces produits.

Avec des licences en Grande-Bretagne pour le fromage végétarien, la purée de tomate, le soja et le maïs génétiquement modifiés, ces produits sont « de plus en plus difficiles à éviter », estime le professeur Vyvyann Howard, signataire de l’appel des vingt scientifiques. « C’est à l’évidence la politique des industriels de la biotechnologie que de tenter d’inonder le marché afin que nous n’ayons plus le choix du tout », estime-t-il. »


L’intégralité du texte ci-dessus provient d’une dépêche AFP, noyée parmi tant d’autres, dans le fil de la semaine dernière. Une dépêche délicieusement anglo-saxonne, avec des rats bien anglais, des scientifiques britanniques, des produits exclusivement anglais... « Pas de ça chez nous ! », laissait entendre la dépêche.

Aurai-je la malice d’ouvrir mon Politis et d’y reprendre les informations communiquées par Greenpeace France ? De rappeler par exemple que les produits Findus (canelloni, crêpes jambon fromage), ou de Papy Brossard (Forêt noire) en contiennent et sont étiquetés comme tels. (Heureusement, seuls quelques rats britanniques en consomment).

Parmi les produits susceptibles d’en contenir, ou dont les fabricants ne s’opposent pas à la présence d’OGM, on trouvera les BN, Prince, Petit écolier, Finger, Mars, Balisto, KitKat, Lion, Galak, pâte à tartiner Poulain, pizza aux fromages Marie... et bien sûr, les aliments pour bébé de Danone et Blédina. La liste complète se trouve sur le site de Greenpeace. (Vous y trouverez aussi, et c’est le plus important, la liste des producteurs qui s’engagent à ne jamais en utiliser).

J’ajoute, pour être tout-à-fait complet, qu’un 56ème cas de vache folle a été détecté dans la Sarthe. Rien de tel qu’un bon steak de vache folle pour accompagner une poêlée de pommes de terre génétiquement modifiées. Le tout cuisiné à l’ancienne, pour retrouver « la saveur de l’authentique » dans une petite barquette en alu.

PIERRE LAZULY
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