A l’heure où s’effondre le mythe de « l’auto-régulation des marchés », à l’heure où une instabilité financière généralisée vient briser ce que certains imbéciles appelaient « le cercle vertueux de la croissance », il devient plus que jamais nécessaire de « désarmer les marchés » :
« La mondialisation du capital financier est en train de mettre les peuples en état d’insécurité généralisée. (...) Quotidiennement, quelque 1 500 milliards de dollars font de multiples allers et retours, spéculant sur des variations du cours des devises. Cette instabilité des changes est l’une des causes de la hausse des intérêts réels, qui freine la consommation des ménages et les investissements des entreprises. Elle creuse les déficits publics et, par ailleurs, incite les fonds de pension, qui manient des centaines de milliards de dollars, à réclamer aux entreprises des dividendes de plus en plus élevés. Les premières victimes de cette « traque » du profit sont les salariés, dont les licenciements massifs font bondir la cotation boursière de leurs ex-employeurs. Les sociétés peuvent-elles longtemps tolérer l’intolérable ? Il y a urgence à jeter des grains de sable dans ces mouvements de capitaux dévastateurs ».
« La taxation des revenus financiers est une exigence démocratique minimale. Ces revenus devraient être taxés exactement au même taux que les revenus du travail. Ce n’est le cas nulle part, en particulier dans l’Union européenne. La liberté totale de circulation des capitaux déstabilise la démocratie. C’est pourquoi il importe de mettre en place des mécanismes dissuasifs. L’un d’entre eux est la taxe Tobin, du nom du Prix Nobel américain d’économie qui la proposa dès 1972. Il s’agit de taxer, de manière modique, toutes les transactions sur les marchés des changes pour les stabiliser et, par la même occasion, pour procurer des recettes à la communauté internationale. Au taux de 0,1 %, la taxe Tobin procurerait, par an, quelque 166 milliards de dollars, deux fois plus que la somme annuelle nécessaire pour éradiquer la pauvreté extrême d’ici au début du siècle ».
(Ignacio Ramonet, « Désarmer les marchés »)
« QUE FAIRE, LAZ ? »
Chaque jour ou presque, dans ma boîte-à-lettres, cette lancinante question : « Que faire, Laz ? ». J’y répondais habituellement par un « je ne sais pas », tant les phénomènes incriminés me semblaient inéluctables - « incontournables », comme on dit.
Mais on ne peut pas passer sa vie à ricaner et à dénoncer le discours libéral sans proposer de solutions alternatives crédibles au marché tout puissant. Ça n’est pas pour me vanter, mais je suis désormais adhérent d’ATTAC (Association pour la taxation des transactions pour l’aide aux citoyens). Un engagement qui me semble à la fois le plus raisonnable et le plus enthousiasmant : autant, au printemps dernier, l’instauration d’une taxation sur les mouvements de capitaux pouvait paraître utopique, autant aujourd’hui, devant l’instabilité du système financier, même ses opposants d’hier n’excluent plus l’instauration de mécanismes de régulation.
Pour plus d’information sur ATTAC, consultez le site Internet (http://attac.org) ou écrivez à ATTAC, 9 bis, rue de Valence, 75005 PARIS. Vous recevrez rapidement la charte de l’association et le formulaire d’adhésion.
Il nous appartient aujourd’hui, par une adhésion massive à ATTAC, de rappeler à nos dirigeants le refus des citoyens de se plier à la dictature des marchés. Puisqu’il est illusoire de changer le système capitaliste, faisons au moins en sorte que des miettes grapillées aux investisseurs nourrissent leurs victimes.