Lorsque l’on s’appelle « la Hi-Speed Company » et que l’on recrute des « collaborateurs Hi-Speed », il faut bien s’attendre à ce que les actionnaires, eux aussi, soient un peu « Hi-Speed ». Et puissent vous infliger, en un temps record, le pire des camouflets.
Car c’est un braquage éclair qui s’est produit hier. La dépêche AFP, tombée (sans trop de dégâts) vers midi, était presque surréaliste : « Alcatel décuple son bénéfice, l’action chute de 34% ». Diantre ! Une entreprise multipliait ses bénéfices par 10, et les investisseurs s’enfuyaient ?
Alcatel a en effet dégagé au premier semestre de cette année un bénéfice net de 15,2 milliards de francs, dix fois supérieur à celui du premier semestre 1997. Un résultat dû à des éléments exceptionnels, tels que la vente de Cegelec à sa filiale de transport et d’énergie Alstom, suivie de la mise sur le marché du même Alstom. Hélas, le groupe de Serge Tchuruk a aussi précisé que le bénéfice opérationnel en 1998 « n’atteindra pas le niveau attendu » et sera ralenti par « un contexte défavorable », souffrant à la fois de la réduction des investissements des opérateurs traditionnels et des crises financières.
« Bradé par la communauté financière furieuse (sic) de la révision à la baisse des prévisions pour le second semestre », le titre ne valait plus à la clôture que 571F contre 985F la veille, soit un recul de 38,4%, avec un volume d’échanges sans précédent. En une séance, la capitalisation boursière d’Alcatel s’est dégonflée de 70 milliards de francs, repoussant cette société de la sixième à la dixième place au palmarès de la Bourse de Paris. En une semaine, son cours a été divisé par deux.
Un joli coup évidemment orchestré par les fonds de pension anglo-saxons, lesquels détiennent 37% des entreprises françaises, et sont infiniment plus malins que le le naïf petit porteur ou l’actionnaire-employé. Il pensait pourtant avoir fait une bonne affaire, le petit porteur : Alcatel, c’était une valeur sûre ! Les télécoms, c’était l’avenir, le progrès ! Des dividendes assurés ! Et le titre montait : logique, puisque d’autres gogos achetaient.
Et vient le moment où l’investisseur, le vrai, sait très bien que le titre est surévalué. Il sait bien qu’avec la vente de Cégélec, les bénéfices de ce semestre sont exceptionnels. Ça valait le coup d’attendre, pour en toucher les dividendes. Il sait aussi que l’effet d’aubaine est terminé, qu’Alcatel, à présent, ne lui rapportera plus rien. Et d’un clic de Pentium, il passe la main.
Le petit porteur, lui, n’a rien vu venir. Il croyait sans doute en la croissance perpétuelle, rêvait d’une spéculation sans perdants, s’imaginait peut-être plus malin (ça oui, il connaissait la Bourse !). Les marchés vous remercient de votre naïveté.
FORMIDABLE !
Paris accueille samedi sa première Techno Parade, inspirée de la célèbre « Love Parade » de Berlin. A cette occasion, NRJ diffusera ce soir à 18h un morceau techno-house mixé par l’éternel ministre de la Culture, Jack Lang, qui s’est installé mercredi midi pour l’enregistrement dans le studio d’honneur de la station de radio.