Ca n’est pas pour me vanter mais ce matin, je bandais. Une érection matinale, somme toute bien banale, mais tellement délectable en ces temps de Mondial. Après avoir jeté un regard satisfait sur la chose, je me félicitai de parvenir - sans Viagra s’il-vous-plaît - à mobiliser mes humbles génitoires autour d’un projet certes dérisoire, mais témoignant incontestablement de ma virilité.
Car depuis mercredi, toutes les doutes étaient à ce sujet permis. Je n’ai plus d’amis. Dès 17h, ceux-ci se ruent vers l’Intermarché et font main basse sur les bières qui plus tard, lorsqu’elles seront bien tièdes, accompagneront le concert inharmonieux de leurs rots chauvins. Et chaque matin que Footix fait, dans leurs regards haineux, dans ces visages boursoufflés par l’inactivité et la Kanterbrau, il me semble lire ce couplet du néocrétinisme savamment mondialisé : « Ouh la fille, y sait même pas c’que c’est qu’un hors-jeu ! ». Cette féminité supposée, je l’avoue, avait fini par m’inquiéter.
Me voici donc rassuré. Et à tout prendre, je préfère parler de football avec des femmes que des femmes avec des footballeurs.