La rentrée est décidément plus belle pour les cinéphiles que pour les boursiers : c’est dans les salles obscures que vous trouverez les plus belles valeurs françaises. Au CAC 40 de l’enthousiasme, « À vendre » et « La vie rêvée des anges » luttent au coude à coude et vous assureront de jolis dividendes de plaisir.
Pascale Ferran l’avait appelé « âge des possibles », cet âge incertain où l’on se cherche, tant sur le plan affectif que sur le plan professionnel. L’âge des stages, des contrats d’intérim, l’âge où la société se fait violente, répondant « flexibilité » à ceux qui voudraient simplement construire une vie, se stabiliser, exister. L’âge où la vie qu’on vous propose vous semble si petite, si figée, qu’il semblerait naturel de la refuser.
Bien peu en ont le courage, ou l’inconscience. Il faudrait courber l’échine, accepter ce que l’on trouve « pour ne pas tomber dans l’exclusion », comme ils disent à la télé. Là où chacun se contente de se laisser porter vers ce qui semble lui être destiné, les personnages d’Elodie Bouchez et de Natacha Régnier ont fait un choix, celui de refuser les miettes qu’on leur a laissées.
Les héroïnes n’ont pas d’histoire : une petite ville de province, des parents déchirés, à quoi bon épiloguer ? Leur avenir nous échappe comme il leur échappe. La force des personnages de Zonka tient uniquement dans leur présent, leurs illusions, leur refus du « pragmatisme », bref : leur envie de vivre.
« La vie rêvée des anges », un film d’Erick Zonca, avec Elodie Bouchez, Natacha Régnier, Grégoire Colin, Jo Priesta, Patrick Mercado (France). Durée : 1h53. Sortie nationale mercredi.
CYNISME INFLATIONNISTE
Le président de la Bundesbank Hans Tietmeyer s’est déclaré confiant dans les perspectives de croissance non inflationniste en Europe continentale et a appelé lundi les marchés financiers à tenir compte des efforts « courageux » de certains pays émergents.
Pendant ce temps, les ravages de la pauvreté provoquée par la crise s’étendent en Indonésie, où plus de 17 millions de familles ne mangent pas à leur faim. Victimes de la spéculation, d’une illusion de prospérité disparue en un instant, avec la violence qui caractérise ce soudain « manque de confiance » des investisseurs.
Évidemment, les efforts « courageux » vantés par Tietmeyer ne sont pas ceux des familles indonésiennes, mais ceux des gouvernements d’Amérique Latine, lesquels en sont réduits à proposer aujourd’hui des taux d’intérêt de 48% pour retenir les capitaux, en imposant 51 nouvelles mesures d’austérité à la population. La bonne vieille méthode FMI...
C’EST BON POUR LA CROISSANCE
Imaginez un four à micro-ondes branché sur Internet, qui vous permettra en prime de réaliser vos opérations bancaires et de faire vos courses : c’est tellement niais qu’il fallait l’inventer. NCR l’a fait.
Enfin, plus choquant que le rapport Starr, la dernière publicité Peugeot, et la légende associée à la photo de la nouvelle 206 : « On peut encore être ému à notre époque ».
Triste époque.