Ca n’est pas pour me vanter, mais j’ai reçu du courrier. D’un Libéral Masqué, même. « Eh bien, qu’attends-tu pour en faire ton imbécile du jour ? », vous entends-je vous déjà maugréer. Mais je n’en ferai rien. Car mon correspondant anonyme a indéniablement raison lorsqu’il m’écrit, dans un courrier intitulé « Marre des pseudo-révolutionnaires » :
Monsieur Pierre Lazuly crache sur le cybermonde, sur le système libéral, sur l’égoïsme de la société. Mais que fait-il, lui, pour changer les choses ? Rien ! Il traîne ses savates dans les méandres de l’Internet désoeuvré et sans projet pour l’avenir. Ce (jeune) homme est mal dans sa peau et je ne pense pas qu’il faille en faire tout un plat.
Si j’ai tout compris ce (jeune) homme est frustré car personne ne vient l’écouter. Ce n’est pas un public qu’il lui faut mais un psy !
Oui, Monsieur Lazuly, vous êtes désorienté et on peut le comprendre. D’un côté, Lazuly, vous avez 24 ans, vous êtes ingénieur, vous travaillez dans une grande entreprise, dans le domaine de l’Internet, bref vous êtes dans le système jusqu’au cou et de surcroît vous en profitez. De l’autre, vous critiquez le cybermonde, son commerce, la stratégie des entreprises, bref le système libéral vous horripile. Par conséquent, Monsieur Le Lazuly Masqué, laisser tomber le masque, sortez du système pour mieux le critiquer. Vous n’en serez que plus crédible.
Ce qu’il vous manque, c’est le courage, la révolution a besoin d’hommes de courage. En êtes-vous un ? Il est vrai que l’idée d’abandonner la rente mensuelle que vous octroie votre entreprise doit vous faire frémir. Et que vont dire Papa et Maman s’ils apprennent cela ! Non, Monsieur, Lazuly, votre parcours est écrit et il est classique : vous rentrerez dans le rang !
Monsieur Lazuly je vous salue. Le Libéral Masqué.
Oui, mon cher Libéral Masqué, ta perspicacité me laisse pantois. C’est vrai : le courage me manque. Abandonner mes seuls revenus, dans un système chaque jour plus dur avec ceux qui en sont exclus, cela me fait peur et je ne m’en cache pas.
Il ne me reste donc plus qu’une issue pour « être plus crédible » : trouver une solution économique qui permettraient à ces chroniques d’être éditées sans que leur auteur ait à se prostituer aux marchands de soupe en ligne.