2 en 1982, 5 en 1983, 18 en 1986, 23 en 1990, 31 en 1994, 74 en 1997. C’est un peu comme les tests de l’armée : vous devez deviner la suite. Hélas, la bêtise humaine semble suivre une progression plus géometrique qu’arithmétique : la liste ci-dessus n’est autre que le rappel du nombre d’exécutions aux Etats-Unis.
Le Monde d’hier rappelait également qu’en 89, la Cour Suprême a autorisé l’exécution des mineurs de 16 ans, puis celle des malades mentaux. Autre statistique intéressante : alors que les noirs forment 12% de la population, ils représentent 41% des condamnés a mort. Il y en aura sans doute pour dire que c’est une question de gènes, comme ceux qui en France font état de la proportion importante de noirs ou d’arabes parmi les délinquants et évoquent là aussi une explication génétique. Mais si j’avais passé ma jeunesse sur les bancs d’une cité, avec mon identité contrôlée toutes les dix minutes par des keufs connaissant déjà mon prénom, à l’heure qu’il est, je chroniquerais peut-être à l’arme blanche.
Mais je reviens sur l’assassinat de Karla Tucker, mardi soir. Il y a actuellement aux Etats-Unis 3200 condamnés en attente de leur exécution (une attente qui en moyenne dure 9 ans), et la plupart ne retiendra sans doute pas l’attention des médias. Une attention par trop sélective. Rappelons tout de même que Karla, née d’une mère prostituée, fut elle-même enfant battue, droguée et prostituée à 13 ans. Ce doit être mon côté archaïque mais moi, j’y aurais vu des circonstances atténuantes.
Et la peine de mort n’est que l’aboutissement d’une politique toujours plus répressive. On ne dira jamais trop l’évolution de la population carcérale des Etats-Unis : 1.725.000 détenus fin 97, un chiffre multiplié par 2 en 12 ans, et qui représente aujourd’hui 2%. C’est effectivement un bon moyen pour lutter contre le chômage.
Et c’est ainsi que se fera le grand miracle libéral.