J’aime beaucoup les députés. Je les regarde parfois, le mercredi après-midi, chahuter dans leur amphi. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne sont guère disciplinés. Ce ne sont que de grands benêts, étudiants attardés, sifflant à droite ce qui se dit à gauche, huant à gauche ce qui se braille à droite. Au milieu, quelques centristes s’assoupissent, victimes d’un soudain coup de Barre. Telle est la triste vie de nos parlementaires.
Vous n’êtes pas sans savoir que vendredi dernier, leur prof leur a collé une interro surprise, sur le thème « Les amoureux peuvent-ils déduire leurs sentiments de leur déclaration de revenus ? ». Tous ceux qui séchaient furent bien embêtés : ils ont tous récolté un zéro pointé. Ça leur fait baisser leur moyenne. Les cancres de droite, eux, ont ricané tout le week-end : pour une fois qu’ils allaient avoir une bonne note ! Ça leur apprendrait aux intellos, de sécher l’amphi un jour d’interro.
Le débat parlementaire, on le voit, est tombé bien bas. Il faut, comme disent les absentéistes pluriels, « moderniser la vie politique ». La moderniser, je ne sais pas (je me méfie trop de ce verbe), mais l’améliorer, sûrement. Je propose pour ma part que l’on nomme à l’Assemblée Nationale un proviseur authentique, réputé pour son intransigeance et son intégrité, muni de belles moustaches d’Aveyronnais.
Il réclamerait un mot d’excuse pour tout absence. Il ne tolèrerait aucun retard. Les députés le craindraient. Ils attendraient avec anxiété les bulletins de fin de trimestre, que la presse régionale reproduirait dans leur intégralité : « Distrait ses petits camarades », « Fait son intéressant », « Chahute en plein débat sur le PACS », « Manque d’attention », « Dort en classe ».
Mais surtout, pour les députés les moins assidus, il aurait cette formule lapidaire : « Absences répétées. Ne sera pas admis à redoubler ».