Ceux d’entre vous qui parviennent toujours à écouter France Inter auront sans doute remarqué l’omniprésence à l’antenne des publicités financières : de la CNP qui entre en Bourse (« pour être plus proche de nous ») à la Mondiale qui nous permet de bénéficier des meilleures assurances vie, de la « fiscalité avantageuse du PEP » et même de profiter de la loi Madelin - Dieu m’en garde ! -, c’est triste à dire, mais France Inter est devenue peu à peu la radio des investisseurs malins.
Alors peut-on décemment, après une publicité nous incitant à devenir actionnaire de la CNP, expliquer en ouverture de journal que la Bourse de Paris a perdu 9% en deux jours, que les valeurs bancaires se sont effondrées de près de 60% et qu’aucune d’elles n’est capable d’évaluer ses pertes ?
Peut-on, sans nuire aux gentils annonceurs, expliquer les tenants et les aboutissants de la crise, de parler de la situation intenable en Amérique Latine ? Le petit auditeur-porteur pourrait s’inquiéter de l’avenir de la CNP, réfléchir à deux fois avant de se laisser tenter par la « fiscalité avantageuse du PEP ».
Alors, petitement, on ouvre le journal sur la querelle des séniles du Sénat, les petits vaccins qu’il faut ou qu’il faut pas, Chirac qui s’extasie devant une 306, puis on laisse Jean-Pierre Gaillard déblatérer quelques chiffres à la va-vite en expliquant que c’est à cause d’Alcatel, du sexe de Monsieur William Clinton ou des fonds de pension, mais que tout ça va rentrer dans l’ordre, d’ailleurs regardez, les français ont confiance, ils ont acheté 33% de voitures en plus en septembre ! Suit alors la publicité pour je ne sais quelle banque, se terminant par (je cite) « moi, j’aime gagner ; avec le placement machin, je suis l’investisseur le plus malin du marché ».
J’ai longtemps été un fidèle d’Inter, pour une bonne et simple raison : on ne nous y prenait pas pour des imbéciles. C’est désormais chose faite. L’introduction de la publicité à l’antenne était loin d’être innocente. Car on ne le répètera jamais assez : la publicité est le meilleur moyen de contrôler les médias, d’acheter leur bienveillance, de tuer l’impertinence, de flinguer l’indépendance. France Inter « s’adapte » simplement à la médiocrité ambiante.
Reste Daniel Mermet et son émission modeste et géniale ; coincé entre deux barils d’assurance-vie et une loi Madelin, il a l’air malin.
EN BREF !
Moi qui m’imaginais qu’avec un slogan aussi cynique (« on peut encore être ému de nos jours »), le public bouderait la 206, j’ai été déçu : la 206 est un véritable succès commercial, si vous en commandez une maintenant vous ne l’aurez qu’en janvier. Ça doit être pour faire durer l’émotion.
Près de deux Français sur trois (62%) pensent que Lionel Jospin sera « un jour » élu président de la République, selon un sondage IPSOS publié par L’Evénement du Jeudi. Il y a trois ans, ils disaient la même chose de Balladur.
L’imbécile du jour est l’UDF Jean-Pierre Raffarin, pour cette intéressante analyse : « on ne peut pas préparer l’union dans la désunion ».
MENACES SUR LES ÉQUILIBRES NATURELS
(une dépêche AFP)
Un tiers de la richesse naturelle de la planète a disparu depuis 1970, sous la pression de l’augmentation rapide de la consommation humaine qui menace de rompre les équilibres naturels, a affirmé jeudi le Fonds mondial pour la Nature (WWF).
Le Fonds a établi dans un rapport un indice qui mesure pour la première fois la préservation des milieux (écosystèmes) forestiers, marins et d’eau douce dans 152 pays. Il a observé en parallèle la pression exercée par la consommation des hommes, notamment de céréales, poissons, viande et ciment. Globalement, l’indice du Fonds mondial pour la nature a baissé de 30% depuis 1970. La détérioration s’est accélérée au cours des dernières années, avec un recul de 3% par an.
Dans le même temps, la consommation humaine s’emballait et croît désormais à un rythme de 5% par an. Elle a doublé pour le poisson depuis 1960, avec quelque 110 millions de tonnes pêchées par an, doublé aussi pour les céréales, et progressé des deux-tiers pour le bois.
La consommation de ciment, indicative de l’urbanisation de la planète, a quadruplé, tandis que les prélèvements d’eau douce doublaient, de même que les émissions de dyoxide de carbone, responsables des changements climatiques. Les pays industrialisés sont bien évidemment en tête du mouvement, consommant en moyenne 2,5 fois plus que les habitants des pays en développement, avec des écarts considérables d’un pays à l’autre.
Le résultat de cette consommation en croissance exponentielle est une « détérioration très nette des écosystèmes naturels », note l’un des auteurs du rapport, Jonathan Loh. « Et le plus inquiétant est le déclin des milieux d’eau douce, qui ont jusqu’à présent beaucoup moins préoccupé les esprits que les forêts et les océans ».
Ainsi, la moitié des écosystèmes d’eau douce sont en déclin depuis le début des années 1970, souligne le rapport, qui a étudié quelque 227 espèces de poissons, reptiles, oiseaux et mammifères vivant dans ou autour des lacs. Dans les mers et océans, 40% des espèces déclinent, tandis que les forêts ont perdu entre 1960 et 1990 13% de leur superficie globale, l’équivalent d’une zone un peu plus grande que l’Espagne.
L’Asie et ses forêts tropicales ont été les plus touchées par les incendies et la déforestation, causée notamment par l’exploitation agricole des sols et industrielle du bois. Aujourd’hui, seuls le Canada, la Russie et les bassins de l’Amazone et du Congo restent relativement épargnés.