En réponse à ma chronique « Un sans-fil à la patte », Julien m’a fait parvenir ce charmant témoignage :
« L’autre jour sur la plage, je retrouve trois amies qui captent les rayons solaires et les regards masculins. Elles représentent, à elles trois, une sorte de condensé d’harmonie féminine : une grande blonde, souple et ronde, une belle brune fine et longue, une petite au visage de poupée. Autour d’elles, deux types tout en épaules qui jouent au ballon et trois jeunes ricanants allongés sur le ventre. Avant même de m’installer, je remarque à ma gauche un homme assis dans une de ces chaises pliantes très courtes qui se plantent dans le sable et s’y enfoncent un peu plus à chaque mouvement des reins.
Il feuillete nonchalemment un magazine de papier glacé tout en entonnant les deux premières mesures de "Summertime", s’arrête quelques secondes pour lire une publicité, s’exclaffe une minute plus tard à propos d’un commentaire supposé drôle, puis reprend les deux seules mesures de "Summertime" qu’il connaissait. Il tourne alors deux pages et tombe sur la rubrique "Le catalogue de l’homme moderne". Ses yeux s’arrêtent tout net sur une montre couleur acier, aux contours résolument futuristes. Il farfouille dans son sac à dos, sort un téléphone portable couleur acier, aux contours résolument futuristes, et compose le numéro du magasin indiqué en gras, au bas de la mince colonne de texte qui longe la photo de sa montre. Il parle un peu fort pour se faire entendre par le vendeur qui à toutes les peines du monde à détacher la voix de son interlocuteur du souffle continu du vent dans le recepteur. Il s’enquiert du prix puis de la disponibilité de l’engin, remercie et raccroche en bippant. »
Telles sont les vacances du client.